Les députés viennent d’adopter, à l’unanimité, une proposition de loi transpartisane régulant le secteur de l’influence en ligne. Ce texte est utile, tant pour son contenu que pour le coup de projecteur - politique et médiatique - qui a été ainsi mis sur ce secteur, qui avait besoin de se structurer et de se responsabiliser.
Tout cela va dans le sens d’une plus grande responsabilisation des acteurs de la chaîne de l’influence. Cela passe par une prise de conscience du rôle de chacun, des enjeux vis-à vis des consommateurs et de la société dans son ensemble.
Cette loi apporte des précisions et des limites bienvenues, sur ce que peuvent faire, ou pas, les influenceurs. Il est tout à fait normal que la loi Evin, concernant la promotion de l'alcool et du tabac s’appliquent aussi aux influenceurs, et qu’il leur soit interdit de faire la promotion de la chirurgie esthétique. La loi vise également les services financiers et les produits contrefaits, ou encore les jeux d’argent et élargit les obligations pesant sur l’exploitation de l’image des mineurs en ligne. En pleine cohérence avec le règlement européen sur les services numériques (DSA), ce nouveau cadre français confirme aussi le rôle que les réseaux sociaux et plateformes hébergeur peuvent avoir dans la transparence des contenus à visée commerciale. Le texte assainit enfin les relations entre les influenceurs et les agents, et renforce les pouvoirs de contrôle des services de l’Etat.
Le fait qu’une loi ait été discutée a aussi pour effet d’accélérer la structuration de la profession, avec la création de deux fédérations professionnelles. Avec l’ARPP, déjà présente de longue date sur le secteur, des outils d’auto-régulation avaient été mis en place et ont maintenant vocation à prendre plus d’ampleur. La discussion parlementaire a permis un débat qui dépasse largement le milieu professionnel, avec une réflexion de fond, toujours utile pour faire grandir un secteur, qui manquait jusqu’ici de maturité, tant sur ses pratiques que sur sa responsabilité sociétale.
Il reste bien évidemment du travail, car les débats ne sont pas clos sur certains sujets, comme la promotion de produits financiers ou de produits pharmaceutiques. Des leaders commencent à émerger, qui donneront le la sur les questions d’éthique et de déontologie, qui sont capitales pour que le public continue à faire confiance aux influenceurs. Reste également l’énorme chantier des influenceurs, volontairement installés loin de l’Union européenne, qu’il va bien falloir responsabiliser également.
The Good Advertising Project continuera à suivre ce cheminement des influenceurs vers une professionnalisation dans un cadre plus responsable et plus éthique.